LE MOIS DE SEPTEMBRE SERAIT-IL CELUI DES ACTES MEMORABLES ?
« Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter » dit une sagesse ancienne. La mémoire-souvenir enregistre sous forme d’images-souvenirs tous les événements de notre vie quotidienne à mesure qu’ils se déroulent, laisse à chaque fait, à chaque geste sa place et sa date. Le 28 septembre 1958, rappelle le non historique du peuple de Guinée, le 1er septembre 2001 rappelle les attaques rebelles, le 28 septembre 2009 rappelle le massacre du stade du même nom, le 5 septembre, 2021 le coup d’Etat contre le Président guinéen Pr. Alpha Condé, curieusement le 5 septembre 2023 est la date retenue pour la marche des forces vives mais, également du deuxième anniversaire de ce fameux coup d’Etat du CNRD. Malheureusement vu la radicalisation des deux positions, on se rappelle inexorablement du drame survenu au stade, le 28 septembre 2009 par l’obstination absurde du CNDD et des forces vives d’alors.
Aujourd’hui on se retrouve dans la même configuration d’une part, le CNRD qui est confiant de la force des armes et, d’autre part les forces vives qui réclament le droit et la justice. Le paradoxe est que les deux entités affirment se battre pour le peuple de Guinée, devenu l’enjeu de rivalités entre les bidasses, la société civile et les politiciens. Depuis l’arrivée de la junte le droit de manifestation consacré par la charte de la transition est refusé aux partis politiques. Toutes les tentatives de manifestations ont connu des morts d’hommes, alors que le colonel Mamadi Doumbouya avait fermement promis que personne ne devait désormais mourir pour des raisons politiques. Les leaders politiques qui avaient fait allégeance au CNRD par naïveté ont fini par découvrir leur illusion, ce qui n’a pas manqué d’effriter leur crédibilité auprès des populations guinéennes.
Le risque est grand de voir une réédition du drame du 28 septembre 2009 tellement que les deux camps sont déterminés, l’un à vouloir empêcher la marche et, l’autre à jouir de son droit de marche que consacre la charte de la transition. Il faut à des moments prendre la mesure des événements pour savoir, s’il faut s’obstiner ou s’il faut désister. Le peuple de Guinée ne mérite plus un tel affrontement qui coûterait encore la vie à des dizaines de personnes. La junte doit absolument accepter le dialogue inclusif et prendre en compte tous les préalables pour une sortie de crise. Elle doit éviter de se croire forte non, c’est le peuple qui est fort et non quelques individus. Rien n’est possible sans la paix, c’est elle seule qui permet le développement d’une nation.
Un regard analytique de l’histoire du peuple de Guinée prouve à suffisance que le mois de septembre a connu de nombreux événements à la fois heureux et malheureux. L’angoisse est perceptible, l’inquiétude s’installe déjà chez tous les deux belligérants, la perte du pouvoir ou le massacre des manifestants. Alors que la Cour pénal n’a pas encore fini avec les auteurs des massacres du 28 septembre 2009, ce procès devait pourtant servir de leçon pour éviter de se retrouver un jour face à la loi. Le pouvoir est tentant, il obstrue souvent la raison humaine mais, pour avoir été témoin de plusieurs événements, il est préférable de jouir de cette raison que de l’occulter.
Prions que le bon sens guide la junte et les forces vives pour épargner à ce peuple martyr de Guinée une autre tragédie sanglante.