Cameroun: 25 ans de prison à un opposant pour « hostilité contre la patrie »

 Un opposant camerounais, Aboubakar Siddiki, a été condamné le lundi 30 octobre 2017 à 25 ans de prison ferme par le tribunal militaire de Yaoundé qui l’a déclaré coupable d’hostilité contre la patrie », a appris mardi l’AFP auprès de son avocate.

Le tribunal militaire de Yaoundé a infligé lundi cette peine à M. Siddiki, a affirmé Me Chantal Modo, et l’a reconnu coupable d’hostilité contre la patrie et assassinat, a-t-elle rapporté.

« Nous allons interjeter appel de cette décision », a-t-elle ajouté, la qualifiant d' »inique ».

Responsable d’un petit parti d’opposition, le Mouvement patriotique du salut camerounais (MPSC), M. Siddiki a été arrêté en août 2014 et était écroué depuis lors.

La justice camerounaise lui impute un projet de « déstabilisation » du Cameroun en lien avec des rebelles centrafricains. Elle estime que M. Siddiki est impliquée dans des attaques de rebelles centrafricains en 2013 dans l’est du Cameroun au cours desquelles des militaires et des civils ont été tués.

Lors de son procès, « aucun lien n’a été établi entre mon client et les rebelles centrafricains », a souligné Me Modo.

Dans un communiqué, Amnesty International a estimé que M. Siddiki a été condamné au terme d’un « procès injuste », appelant à sa libération.

Dans le cadre de la même affaire, un notaire, Me Abdoulaye Harissou, également écroué en 2014, a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour « non dénonciation » des faits imputés à M. Siddiki, et devrait recouvrer la liberté, de source judiciaire.

Me Harissou, originaire de Garoua, dans l’extrême-nord du pays, était le notaire d’une ex-figure du régime de Yaoundé, Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général à la présidence, qui purge une peine de 25 ans de prison pour détournement de fonds publics.

Trois journalistes camerounais, poursuivis dans la même affaire pour « non-dénonciation » des faits, ont eux été acquittés, selon Amnesty International. Ils comparaissaient libres.

Les trois journalistes, l’opposant et le notaire ont assisté à « 26 audiences », dans une procédure longue de trois ans, a calculé l’ONG, avant qu’une décision ne soit rendue.

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