QUAND MARCEL GUIAVOGUI SE REBIFFE …

C’est par des propos liturgiques que le capitaine Marcel Guilavogui a commencé son audition devant la cour du Tribunal pénal à Kaloum. Il a longuement insisté sur son innocence et sur la trahison dont il a été victime de la part du capitaine Moussa Dadis Camara. Il a exprimé son regret par rapport à sa détention de plus de dix ans voyant ainsi la dislocation de sa famille, de ses biens et la compromission de l’avenir de ses enfants. En tant que soldat, il n’a pas peur de quelqu’un et toutes les manœuvres d’intimidation intentées contre lui ne l’empêcheront plus de livrer sa part de vérité. En sa qualité de croyant, pratiquant et fondateur d’une Église dans l’enceinte de la Maison centrale, il a besoin de se libérer, de libérer sa conscience de tout ce qu’il a vu et fait le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi.

Il reconnait volontiers le déni qui a caractérisé sa première audition devant cette même cour, selon lui c’était une stratégie qui lui a permis de comprendre en profondeur les hommes et leurs intentions. Tout en évoquant l’unicité de Dieu, le jugement dernier il a déclaré de ne dire que la vérité et rien que la vérité. Pour lui, capitaine Moussa Dadis Camara est au début, au milieu et à la fin de tous les événements tragiques de ce jour sombre du 28 septembre 2009. Selon lui, pour avoir été chef de l’État, président de la transition et commandant en chef de l’armée, Dadis devait avoir du respect pour sa propre personne et pour le peuple de Guinée pour ne dire que la vérité.

C’est par des propos liturgiques que le capitaine Marcel Guilavogui a commencé son audition devant la cour du Tribunal pénal à Kaloum. Il a longuement insisté sur son innocence et sur la trahison dont il a été victime de la part du capitaine Moussa Dadis Camara.

Malheureusement il a nié ses propres faits en s’abritant derrière la négation absolue de tout. Tous ceux qui ont défilé à cette barre, m’ont peint en noir et je ne supporterais pas que mes parents, mes enfants et amis croient à ses allégations mensongères pour salir ma mémoire et ma réputation. Le capitaine Moussa Dadis Camara est le seul instigateur, le seul initiateur et l’ordonnateur des massacres du stade. Il est évident que j’ai été au stade mais, pas sur ordre du président Dadis, je suis allé seul tout comme le commandant Aboubacar Sidiki Diakité à sa recherche car nous étions chargés de sa sécurité.

Le procès a pris ce jour une autre tournure et une autre envergure. Si doute y avait dans la tête des guinéens, la présente audition du Capitaine Marcel Guilavogui l’a dissipé. Ses propos corroborent l’audition de Toumba et d’autres accusés et victimes. Quand maître Paul Yomba a déclaré que Dadis était le concepteur et l’exécuteur de cette tragédie, nombreux guinéens ont vu en ces termes un acharnement contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Si aujourd’hui celui qui était considéré comme son fils, son homme de confiance et qui était prêt à lui sacrifier sa vie, conforte les déclarations de cet éminent avocat, on ne peut que se rendre à l’évidence des faits. On peut dire alors que les masques sont tombés et les lueurs de la vérité sont désormais perceptibles.

On comprend à travers cette audition de Marcel Guilavogui les dessous et toute la vérité sur ces douloureux événements du stade. L’existence d’une milice parallèle a été prouvée, la présence au stade des hommes en maillot Chelsea a été également confirmée. Malgré l’opposition des avocats de Dadis à la nouvelle audition de Marcel Guilavogui, le Président de la cour a tranché sereinement en rejetant leur objection. L’auditoire a compris le bien-fondé de leur opposition, ce qu’il vient d’entendre n’était pas en faveur de leur client.

La suite du procès édifiera longuement la conviction des uns et des autres mais, pour l’heure la corroboration des déclarations de Marcel Guilavogui avec les autres déclarations indique clairement la vérité des faits. Ce procès est une leçon pour tout le monde, un enseignement implacable pour dire que la force est pour un temps mais pas pour tout le temps. Le CNDD a été très fort, très impressionnant mais il n’était pas bâti sur une assise solide. La boulimie du pouvoir, le communautarisme, l’égocentrisme et la démagogie qui le caractérisaient, l’ont conduit droit aux précipices.

En tout cas, le peuple de Guinée attend de connaitre la vérité sur cette tragédie, et que les fautifs soient punis à la hauteur de leur forfaiture.

Auteur: Mr Famany Condé

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