Cours suprêmes-CEDEAO : l’UNESCO renforce les capacités des juges en matière de liberté d’expression

Une vingtaine de Juges des Cours Suprêmes des pays de la CEDEAO ont pris part, récemment à Dakar (Sénégal), à un atelier régional de formation de promotion de la jurisprudence internationale et régionale relative à la liberté d’expression et à la sécurité des journalistes.

 

Selon les données de l’Observatoire de l’UNESCO des journalistes assassinés, de 2000 à 2019, 177 journalistes ont été assassinés en Afrique, dont 22 en Afrique de l’Ouest. Cependant, seuls 18 cas ont été résolus en Afrique contre trois (3) en Afrique de l’Ouest. Des données qui révèlent à suffisance l’importance d’impliquer le secteur judiciaire dans la lutte contre l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Pour y parvenir, l’UNESCO mène des actions de sensibilisation et de développement des compétences des juges, avocats, magistrats, etc.
En partenariat avec la Cour Suprême du Sénégal, le Bureau régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel a organisé cet atelier régional à l’intention des Juges des Cours Suprêmes des pays de la CEDEAO notamment du : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sierra Leone, Sénégal et Togo. Cet atelier vise le renforcement des capacités des acteurs du judiciaire en matière de liberté d’expression et de sécurité des journalistes.

L’atelier, qui a connu la participation d’un expert de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, cherche à promouvoir et encourager les échanges sur la jurisprudence internationale et régionale en matière de liberté d’expression et de sécurité des journalistes. Il intervient dans le cadre la mise en œuvre du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité.
Au cours des travaux, les participants ont échangé, entre autres, sur différents jugements en lien avec les droits humains en général et la liberté d’expression en particulier tant au niveau continental que communautaire (Afrique de l’Ouest). Ainsi, l’expert de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, Horace Adjolohoun, a exposé sur la jurisprudence de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et celle de la Cour de justice communautaire de la CEDEAO.
La Directrice de ARTICLE19 Afrique de l’Ouest, Fatou Jagne Senghor, a fait une intervention sur la situation de la sécurité des journalistes en Afrique de l’Ouest. Présentation au cours de laquelle elle a fait remarquer que la garantie de cette sécurité passe entre autres par « la mise en place d’un cadre juridique favorable ; une volonté politique pour le respect des expressions plurielles et critiques ; une culture de la tolérance ; une indépendance organique et fonctionnelle de la justice et des organes de régulation ».

Pendant les travaux, chaque pays participant a eu le privilège d’exposer sur sa propre jurisprudence, ou mieux, sur des exemples de jugements rendus au niveau national et portant sur la liberté d’expression et la sécurité des journalistes. Ces présentations ont mis en évidence une grande divergence dans les jugements rendus sur les cas d’atteinte à la liberté d’expression, et révélé un décalage considérable avec la jurisprudence internationale, régionale et communautaire.
Les travaux de l’atelier ont été ouvert par le Premier Président de la Cour Suprême du Sénégal, Mamadou Badio Camara, qui dans son discours a rappelé la nécessité de renforcer l’Etat de droit, le respect et la promotion des droits humains, plus particulièrement la sécurité des journalistes, en temps de paix comme en temps de guerre ou de conflit. Dans son allocution de circonstance, Dimitri Sanga, Directeur régional de l’UNESCO, a rappelé le rôle crucial des acteurs du judiciaire pour la garantie des libertés et la fin de l’impunité. Il a précisé que : « la liberté d’expression, la liberté de presse et la sécurité des journalistes sont indissociables et interdépendantes. Chaque pays doit œuvrer pour un environnement qui garantit aux hommes et aux femmes des médias de travailler sans crainte de menace, d’intimidation, d’atteinte à leur intégrité physique ou d’assassinat ».

Au terme des travaux, douze recommandations, visant à réduire l’impunité de ceux qui portent atteinte à la liberté d’expression des journalistes en Afrique de l’Ouest, ont été formulées par les participants. Entre autres, il s’agit de : organiser le dialogue entre les juges et les acteurs du secteur de la presse ; encourager les ONG à s’engager davantage dans les actions de sensibilisation sur la liberté d’expression et la sécurité des journalistes conformément à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ; encourager les Etats à adopter des lois spécifiques pour l’accès à l’information.

UNESCO/UPF

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