Malawi: élections présidentielle et législatives à suspense

Le Malawi vote mardi pour une élection présidentielle qui s’annonce serrée entre le sortant Peter Mutharika, en quête d’un second mandat, et deux sérieux adversaires qui ont fait de la lutte contre la corruption leur thème de prédilection dans ce pays très pauvre.

Les 6,8 millions d’électeurs malawites renouvèlent aussi leurs députés et conseillers locaux dans ce petit Etat agricole d’Afrique australe.

Sept candidats sont en lice pour la présidentielle, mais le scrutin se joue entre le sortant Peter Mutharika, son vice-président Saulos Chilima et le chef de l’opposition Lazarus Chakwera, selon les observateurs.

« Les files d’attente sont longues et j’encourage tout le monde à voter parce qu’au bout du compte, c’est le peuple qui décide », a déclaré M. Mutharika, 78 ans, après avoir voté à Thyolo (sud). « C’est très calme et je suis confiant que la paix prévaudra jusqu’à la fin du processus électoral ».

En campagne, il a défendu son bilan, mettant en avant l’amélioration des infrastructures, en particulier des routes, dans un pays où la moitié des habitants vit sous le seuil de pauvreté.

« Nous avons mis le Malawi sur le chemin du progrès », a-t-il affirmé lors de sa dernière réunion publique de campagne samedi à Blantyre (sud).

Il a promis de « faire du Malawi un pays meilleur d’ici cinq ans ». « L’opposition n’a aucune raison de me critiquer. Pas une seule », a-t-il assuré.

– « Nouvelle vie » –

Mais Lazarus Chakwera, à la tête du parti du Congrès du Malawi (MCP) de l’ex-dictateur Hastings Banda (1964-1994), et le vice-président Chilima, chef d’une toute nouvelle formation, le Mouvement uni de transformation (UTM), ont dénoncé la corruption qui a entaché sa présidence.

Peter Mutharika, qui s’était engagé à lutter contre ce fléau à son arrivée au pouvoir, s’est lui-même retrouvé impliqué dans un scandale de pots-de-vin à la suite de l’attribution d’un contrat de millions de dollars à la police.

« Nous devons mettre fin à la corruption », a insisté pendant la campagne Lazarus Chakwera, qui a reçu le soutien de poids de l’ex-présidente Joyce Banda (2012-2014).

« Nous avons fait une campagne formidable (…) Nous sommes très confiants », a-t-il affirmé mardi après avoir voté dans une école de Lilongwe.

« Il y aura un décompte des voix de sorte que personne ne pourra gâcher le vote des électeurs », a assuré l’ancien pasteur évangéliste de 64 ans qui compte bien cette année prendre sa revanche.

Il était arrivé deuxième du scrutin en 2014, avec 450.000 voix de retard seulement sur Peter Mutharika.

Le vice-président Chilima espère de son côté créer la surprise, après avoir claqué la porte l’an dernier du Parti démocratique progressiste (DPP, au pouvoir).

« Aujourd’hui marque un nouveau début, une nouvelle vie pour le Malawi », a-t-il lancé mardi après avoir fait son devoir électoral à Lilongwe.

A 46 ans, il compte séduire une partie de la jeunesse, au fort poids électoral: les moins de 35 ans représentent plus de la moitié des électeurs.

– Pompes et rap –

En campagne, il n’a pas hésité, pour témoigner de sa forme, à enchaîner en plein meeting des pompes sur scène. Sa femme, elle, l’a soutenu avec un clip de rap.

« J’espère que mon vote apportera le changement, afin qu’il y ait la sécurité alimentaire et davantage de projets de développement », a expliqué un électeur quinquagénaire, Andreya Jemusi.

Flora Malewa, commerçante de 25 ans, a elle choisi de reconduire le sortant. Peter Mutharika « devrait gagner pour qu’on continue à vivre en paix et qu’il continue sa mission de développement. Il a fait du bon boulot et il n’y a absolument aucune raison de le remplacer ».

« J’attends du nouveau gouvernement qu’il m’aide, moi et mes amis albinos, en terme de sécurité », a expliqué Maureen Chawawa, 26 ans, alors que des albinos sont victimes de violences au Malawi, où la croyance veut que leurs membres apportent richesse et chance.

Pour cette présidentielle à un seul tour, « la course est incertaine compte tenu de la fragmentation des partis politiques », a estimé Michael Jana, professeur de science politique à l’université sud-africaine de Witwatersrand.

« Que se passera-t-il en cas de victoire avec une très faible avance? », s’inquiète Dan Banik de l’université du Malawi. « Les perdants accepteront-ils la défaite ? »

Les bureaux de vote ferment mardi à 18H00 (16H00 GMT) et les premiers résultats sont attendus mercredi dans la soirée.

Izf

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