En Chine, les conditions de travail des journalistes étrangers se détériorent

Un récent rapport relève que les journalistes étrangers sont régulièrement intimidés et harcelés par le pouvoir central. Le correspondant du « Monde » en témoigne.

 LETTRE DE PÉKIN

L’exercice du métier de journaliste étranger en Chine est un parcours d’obstacles permanent. Le club des correspondants étrangers en Chine (Foreign Correspondants’ Club of China, FCCC), une organisation de type anglo-saxon qui représente les grands médias occidentaux, a publié il y a quelques jours son rapport annuel pour l’année 2017. Intitulé « Access denied » (déni d’accès), il dresse un état des lieux éloquent de la surveillance, du harcèlement et de l’intimidation auxquels sont confrontés les journalistes étrangers dans le pays. Peut-être pas toujours au quotidien, mais bien assez souvent pour ne pouvoir les ignorer.

Collectivement, et sur une année, les efforts déployés pour gêner et influencer la couverture de la Chine par les médias étrangers et surtout occidentaux, sont impressionnants. Il y a les menaces voilées au non-renouvellement du visa annuel. Ou les convocations, certes amicales, au ministère des affaires étrangères pour des articles qui déplaisent ou qui « choquent » – comme récemment le scoop de nos collègues du Monde Afrique sur les écoutes réalisées par Pékin du siège de l’Union africaine.

Il y a aussi, parfois, le coup de fil de l’interprète de la Sécurité d’Etat – le contre-espionnage chinois –, pour « boire un thé » (ou une bière), en bas de chez vous. Les officiers sont affables, et on ne sait jamais où ils veulent en venir.

Les pressions peuvent aussi s’exercer au moment du renouvellement du visa – le responsable de votre dossier prend alors un malin plaisir à vous rappeler, après avoir regardé son ordinateur, où vous étiez tel jour à telle heure. Quant aux assistants chinois des bureaux de presse étrangers, ils ont régulièrement droit à quelques frayeurs : l’appel de la police à la famille, l’invitation à boire le thé assortie d’une promesse de confidentialité qu’il faut signer, voire, certes rarement mais on a connu deux cas ces dernières années, l’arrestation cagoule sur la tête.

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