Bruxelles : le premier ministre guinéen affirme que la population africaine passera à 1,6 milliard en 2030

Le premier ministre guinéen, Mamady Youla a affirmé au cours de son discours d’ouverture au « REBRANDING AFRICA FORUM 2017 » que 60% de la population africaine figure actuellement dans une tranche d’âges inférieure ou égale à 24 ans. Et que cette population qui s’élevait à 1 milliard de personnes en 2010, va passer à 1,6 milliard en 2030 et 3 milliards en 2065.

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Bruxelles, le 6 octobre 2017 – Excellence Monsieur le Ministre d’Etat, (Ministre en charge du Budget et de la fonction publique)
Excellence Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs Hauts Représentants et Cadres des Organisations Internationales,
Mesdames et Messieurs les Représentants du secteur privé et des organisations non gouvernementales
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

C’est un grand honneur de prendre part, au nom de Son Excellence Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée et Président en exercice de l’Union Africaine, à la cérémonie d’ouverture de la 4ème édition du Forum « Rebranding Africa ».

Je voudrais dire devant cette tribune tout le plaisir et l’intérêt du Président de la République et de son Gouvernement à participer à cet important forum sur les enjeux et les défis du dividende démographique et adresser mes sincères remerciements à Monsieur Thierry HOT ainsi qu’à tous les membres de la structure « Rebranding Africa Forum » pour son organisation.

En effet, le thème du forum qui nous réunit aujourd’hui, à savoir, « Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique » figure en bonne place dans les débats menés au niveau africain et au sein des instances internationales.

Il s’inscrit parfaitement dans la dynamique de la recherche de solutions aux nombreux défis de développement auxquels l’Afrique se trouve confrontée.

En sa double qualité de Président de l’Union Africaine et de pionnier en Afrique dans la mise en œuvre de la feuille de route 2017, sur le thème «tirer pleinement profit du dividende démographique en Investissant dans la jeunesse», le Président de la République a été sensible à votre invitation et aurait vivement souhaité être parmi nous.

Il a tenu à répondre toutefois présent en me mandatant, afin de partager avec vous notre vision sur les défis qui se posent aux économies africaines face à la transition démographique et contribuer à la réussite de cette édition.

Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,

Un pays, dans lequel la part des jeunes dans la population augmente et le taux de fécondité diminue, peut récolter les fruits d’un « dividende démographique », phénomène de croissance résultant de l’évolution de la pyramide des âges.

Ce levier économique dont dispose un pays en cours de transition démographique, a souvent été invoqué comme l’un des moteurs du boom économique chinois et de bien d’autres pays asiatiques dont le processus de développement a su tirer profit de ce phénomène.

Le facteur démographique sur le continent africain constitue une réalité à la fois sociale, économique et politique qui doit être appréhendée par tous comme une véritable opportunité mais aussi un important défi.

Une transition démographique réussie et au service du développement suppose en effet la résolution de défis aussi complexes que multiformes.

Elle nécessite, par-dessus tout, l’engagement de l’ensemble des acteurs du développement afin d’y apporter une réponse pérenne et de transformer cette donne sociale en réalité économique favorable au progrès, à la paix et à la cohésion.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Selon les chiffres de la Banque Mondiale, le taux de fécondité est passé de 6.6 à 4.9 enfants par femme entre 1966 et 2015 en Afrique Subsaharienne et 60% de la population africaine figure actuellement dans une tranche d’âges inférieure ou égale à 24 ans. Cette population qui s’élevait à 1 milliard de personnes en 2010, va passer à 1,6 milliard en 2030 et 3 milliards en 2065. Dans le même temps, la population âgée de 65 ans et plus va doubler, passant de 3,4% à 7,7% de la population totale.

Cette mutation, en réalité, s’opère à l’échelle de la planète: la population vieillit, non seulement en Occident depuis la fin des années 1970, également dans les pays émergents depuis les années 1990, mais aussi dans les pays les plus pauvres et notamment en Afrique.

Cette transition démographique est potentiellement une chance unique, et nécessite d’importants investissements, notamment dans l’éducation, la santé et le planning familial.

Ce dividende démographique pourrait générer une croissance économique conséquente sur l’ensemble du continent, à la seule condition que des politiques cohérentes soient mises en place avec responsabilité et efficacité.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
L’Afrique est jeune et doit réussir sa transition démographique et être pleinement consciente des enjeux et des défis qui y sont associés.

C’est pourquoi, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et du Programme pour le Développement Durable à l’horizon 2030, les Chefs d’Etat et de Gouvernement d’Afrique ont consacré l’année 2017 au thème “Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse”.

Cette thématique fait ressortir deux exigences: l’accélération de la transition démographique et la préparation de la jeunesse à faire face aux enjeux de son époque.

Pour cela, l’Union Africaine a défini une feuille de route axée sur 4 piliers afin de placer les pays africains sur la voie qui mène à la valorisation du dividende démographique.
Ces piliers étroitement liés et essentiels pour assurer l’augmentation des investissements dans la jeunesse et promouvoir le changement se résument comme suit :
▪ En matière d’emploi et entrepreneuriat : Il s’agit de créer un environnement politique, commercial, financier et économique, favorable à l’autonomisation des jeunes, à travers des actions clés comme la mise en place de fonds de micro crédits, l’amélioration d’offres de formation et d’emploi, la promotion de programmes de volontariat ou la promotion de entrepreneuriat jeune ;

▪ En matière d’éducation et de développement des compétences : l’objectif est de favoriser l’accès à une éducation de qualité, une formation technique et professionnelle adaptée aux besoins de développement, la promotion de la science et de la technologie, une meilleure prise en compte des problèmes du marché de l’emploi ;

▪ En matière de santé et de bien-être : l’une des principales exigences du dividende démographique réside dans une harmonieuse combinaison entre mortalité et fécondité. Cela passe par des investissements efficaces dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive et la planification des naissances ;

▪ En matière de droit, de gouvernance et de responsabilisation de la jeunesse : il s’agit de garantir des processus politiques participatifs, représentatifs et inclusifs de même que des Institutions étatiques fortes et protectrices du peuple et de ses besoins fondamentaux.

Des engagements fermes ont été pris par chacun des Gouvernements pour mettre en place des politiques nationales en totale cohérence avec ces piliers.
Tirer le meilleur parti du dividende démographique de l’Afrique, c’est aussi adopter une approche commune pour orienter les politiques vers les véritables leviers de la transition sociale et économique.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,

Nous avons conscience qu’il est impérieux d’agir vite et de manière globale.

Selon l’Organisation Internationale des Migrations, entre 2015 et 2016, près de 8600 personnes, en grande partie des jeunes, sont mortes noyées dans les eaux de la Méditerranée et, en 2015, l’Allemagne et la Turquie ont dépensé 14 milliards de dollars pour la gestion des réfugiés et des migrants.

En investissant dans la jeunesse, nous pouvons créer un cercle vertueux consistant à améliorer l’éducation, le capital humain et la productivité économique du continent.

C’est la voie qu’ont suivi les Tigres asiatiques (La Corée du Sud, le Taïwan, Hong Kong, Singapour) suivis après par les pays latino-américains avant leur décollage économique, alors qu’ils affichaient le même profil démographique que la plupart des pays africains aujourd’hui.

Nous restons convaincus que les investissements dans la jeunesse représentent le plus grand levier du continent africain au cours des cinquante (50) prochaines années et contribuera à l’émergence d’une Afrique stable, forte, et prospère.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,

Le 17ème Forum Economique International de l’OCDE, auquel j’ai eu l’honneur de participer, les 4 et 5 Octobre dernier a traité des enjeux et des défis de l’industrialisation, de l’entreprenariat et des nouvelles technologies.

Ces sujets sont implicitement au cœur du thème du présent Forum qui nous réunit aujourd’hui et nous renvoient à la problématique du financement.

Je voudrais dire un mot sur les enjeux et les défis des systèmes financiers face au dividende démographique.

Le financement de notre décollage économique doit passer par le renforcement et l’adaptation de nos systèmes bancaires et financiers aux défis du développement de notre continent.

Il est primordial de renforcer le système existant pour que nous disposions d’un système financier adapté et capable de pouvoir absorber les besoins de notre économie.
Le secteur bancaire, quant à lui, peine à remplir sa mission d’intermédiation, à cause de taux d’intérêt très élevés qui rendent onéreux le recours au crédit, tant pour les particuliers que pour les entreprises.

En outre, il faut souligner le manque d’instruments financiers innovants, notamment ceux qui s’adressent aux petites et moyennes entreprises, qui représentent la majorité des entreprises africaines.

Les économies africaines ont besoin de systèmes financiers fonctionnels et inclusifs qui viendront soutenir leur croissance.

Les systèmes de microfinance doivent être encouragés et soutenus par les Gouvernements et les partenaires au développement dans les zones rurales, plus exposées aux problèmes de financement.
Ces systèmes doivent être avantageux et souples, afin d’améliorer les revenus des paysans à travers des projets porteurs de croissance qui permettront à terme la réduction de la pauvreté et l’amélioration de leurs conditions de vie.
A cheval entre les secteurs de la Banque et de la Micro finance, la Méso-finance se présente comme l’outil le plus approprié pour répondre aux besoins spécifiques des PME.
Elle comble ce gap, appelé Missing Middle symbolisé par l’absence d’offres et de structures financières susceptibles de répondre aux besoins des classes moyennes, d’entrepreneurs et de dirigeants de PME émergeant de plus en plus sur le continent.
Les défis sont nombreux mais restent tous à notre portée.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Le dividende démographique est une opportunité pour l’Afrique.
La transition démographique en est le principal défi.
L’Afrique est en mesure de relever ce défi et de tirer le meilleur parti du dividende démographique.
Nous devons y concentrer tous nos efforts.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Permettez moi de citer le Président de la République pour résumer sa vision sur l’enjeu démographique « les investissements effectués aujourd’hui dans la jeunesse (…) détermineront la trajectoire de développement de l’Afrique au cours des cinquante prochaines années et placeront le continent sur la voie de la réalisation de l’Afrique que nous voulons (….) Prenons le train de l’action pour réaliser le dividende démographique ».

Avant de clore mon propos, je voudrais réitérer une fois de plus, l’engagement de Son Excellence Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union Africaine, à soutenir les initiatives du « Rebranding Africa Forum » en faveur du continent africain et souhaiter à toutes et à tous, plein succès aux travaux du présent forum.

Je vous remercie.

MamadyYOULA
Premier Ministre, Chef du Gouvernement

 

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