Algérie: Macron attendu le mercredi 6 décembre 2017 pour « une nouvelle relation »

Emmanuel Macron effectue mercredi une visite sensible en Algérie, où il va réaffirmer « la relation particulière » entre Paris et Alger tout en essayant de dépasser les contentieux de la colonisation, comme il l’a fait la semaine dernière en Afrique.

Cette « visite d’amitié et de travail », et non « d’État », durera une douzaine d’heures et sera marquée par une rencontre avec le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, dans la banlieue ouest d’Alger.

Affaibli par les séquelles d’un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaires étrangers.

Comme il en a l’habitude dans ses déplacements, Emmanuel Macron ira aussi à la rencontre de la population lors d’une « déambulation » dans le centre d’Alger.

Il « bénéficie d’une très bonne image en Algérie », croit savoir l’Élysée, en précisant que le chef de l’État s’y est rendu à plusieurs reprises lorsqu’il était ministre de l’Économie.

« Les visites en Algérie des présidents français sont une tradition » en début de mandat et « y déroger paraît impensable » car « la symbolique continue de jouer un rôle important dans le rapprochement entre les deux pays », souligne Mansour Kedidir, chercheur algérien en sciences politiques.

Mais, en raison de sa brièveté, ce déplacement présente surtout, selon le quotidien francophone El Watan, « tous les attributs d’une visite de bienséance politique » qui permettra à Emmanuel Macron « de solder sa dette envers l’Algérie qui a mal vécu le fait qu’il ait privilégié le Maroc à l’Algérie pour sa première visite officielle dans la région ».

La dernière visite de M. Macron à Alger, durant la campagne présidentielle, reste dans les mémoires puisqu’il y avait qualifié la colonisation française (1830-1962) de « crime contre l’Humanité ».

Ces propos avaient été bien accueillis en Algérie mais fortement critiqués en France par la droite et l’extrême droite.

« La question de la mémoire » sera abordée lors de la visite, indique l’Élysée, mais « autant Paris qu’Alger avancent prudemment sur ce dossier », a résumé dimanche le quotidien algérien Liberté.

Il s’agit surtout pour Emmanuel Macron, premier président de la Ve République né après la Guerre d’Algérie, de « tourner la page » et de « construire une nouvelle relation », selon l’Élysée.

Face à la colonisation, « ni déni, ni repentance. On ne peut pas rester piégé dans le passé », a-t-il proclamé la semaine dernière lors de sa tournée en Afrique de l’ouest.

– « Difficultés » économiques –

Les Algériens attendent cependant un geste, comme celui du retour de crânes de résistants algériens tués dans les années 1850 qui sont conservés au Musée de l’Homme à Paris ou de celui d’un canon qui défendait le port d’Alger et trône à l’arsenal de Brest.

En 2012, la reconnaissance par François Hollande des « souffrances » infligées par « la colonisation française » avait permis de réchauffer les relations entre Paris et Alger, qui restent cependant compliquées et passionnelles.

Pour Paris, l’une des priorités est de redynamiser les échanges économiques alors que la France a laissé sa place de premier fournisseur de l’Algérie à la Chine, très offensive en Afrique, et que des entreprises espagnoles, italiennes ou turques prennent des parts de marché.

« L’Algérie représente un potentiel économique considérable dans tous les domaines », souligne l’Élysée, tout en reconnaissant des « difficultés liées notamment au climat des affaires ». Les secteurs de l’automobile, avec l’ouverture d’une usine PSA à Oran, de la pharmacie et de l’agroalimentaire sont jugés prioritaires.

La France reste cependant le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier employeur étranger en Algérie, avec 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects pour environ 500 entreprises.

Mais le contexte budgétaire est actuellement délicat, le pays subissant de plein fouet depuis 2014 la chute des prix du brut, qui assure 95% de ses recettes extérieures.

La sécurité régionale et internationale figurera également au menu des discussions, avec notamment les crises libyennes et au Sahel ainsi que la lutte contre le terrorisme.

Après avoir rencontré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, des représentants de la société civile et la communauté française, M. Macron s’envolera en fin de soirée pour le Qatar, où il est attendu jeudi pour une visite officielle de quelques heures.

Izf

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